Page:Desrosiers - Iroquoisie, tome 1 (1534-1646), 1947.djvu/240

Cette page a été validée par deux contributeurs.

colonie du Saint-Laurent qui ne compte pas quatre cents âmes. L’enjeu parait disproportionné. Mais les conséquences de la négligence seront plus vastes que ne le croit le Cardinal. La somme de dix mille écus qu’il donne doit être dépensée pour les fins suivantes : enrôlement de quelques soldats, construction d’un fort à l’embouchure du Richelieu, défense de la maison de Sainte-Marie que les Jésuites ont construite et ouverte en 1639 dans la Huronie. C’est peu dans des circonstances aussi critiques. Le père Paul Lejeune a pourtant fait des représentations pressantes : « Si on ne chasse ces gens là par composition, avait-il dit, ou par armes le pays est toujours en danger de ruine, la mission en danger de se rompre, les religieuses en danger de retour, et la colonie se peut perdre, la porte de l’Évangile est fermée à quantité de nations fort peuplées, nos pères dans les périls d’être pris et brûlés »[1]. Le remède n’est pas suffisant. Les fortifications que l’on se propose d’ériger « ne tranchent point le mal par la racine » ; et comme « les barbares font la guerre à la façon des Scythes et des Parthes, la porte ne sera point pleinement ouverte à Jésus-Christ, et les dangers ne s’éloigneront point de notre Colonie, jusque à ce qu’on aye ou gaigné ou exterminé les Iroquois »[2].

Et ces phrases reviendront continuellement durant tout le siècle dans les dépêches des Gouverneurs, des intendants, des missionnaires.

  1. Idem, v. 21, p. 270
  2. RDJ, édition de Québec, 1642-2