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IROQUOISIE

Saint-Pierre le mois dernier…, il faut changer de délibération, si vous voulez on vous donnera l’île d’Orléans »[1].

Maisonneuve n’est pas chargé d’élaborer la politique de la Société, il est porteur d’ordres qu’il se croit obligé d’exécuter. La Société de plus est propriétaire de l’île. « Ayant été déterminé par la Compagnie qui m’envoie que j’irai au Montréal, il est de mon honneur, et vous trouverez bon que j’y monte pour commencer une colonie, quand tous les arbres de cette île se devraient changer en autant d’Iroquois… »[2]. Réponse historique que les historiens ont citée à l’envi.

Cependant, le diagnostic des coloniaux était juste. Ils ne se sont malheureusement pas trompés. Dans quelques mois, même dans quelques semaines, déferleront sur la Nouvelle-France les bourrasques terribles et sanglantes de la première guerre iroquoise. Et tout de suite, la Société Notre-Dame de Montréal existera peu « pour la conversion des sauvages de la Nouvelle-France ». L’île ne deviendra pas une réduction ; mais tout de suite, elle sera un poste militaire, un fort exposé et avancé sur la frontière du pays ennemi. Les habitants y vivront une vie sainte, y accompliront des actions de valeur, mais des actions militaires. Ils auront peu de répit pour convertir les naturels, qui fuiront d’autre part au premier signal du danger. Il est arrivé bien peu souvent dans l’histoire que le but d’une société se soit transformé si inconsciemment, si rapidement, si radicalement en un autre but, mais très noble et très généreux lui aussi.

La ténacité de Maisonneuve apporte un élément nouveau dans les guerres iroquoises : le poste de Montréal gardé par une garnison et une population d’élite, construit en zone neutre, dans un territoire longtemps contesté par les Iroquois et les Algonquins. ce poste qui doit être d’un précieux secours quand la Coalition laurentienne décimée avait déjà perdu toute sa force.

  1. Dollier de Casson, Histoire du Montréal, p. 32
  2. Idem, p. 32