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IROQUOISIE

Et c’est justement dans ces circonstances, au moment la Nouvelle-France décide d’envoyer un agent en France pour solliciter une assistance immédiate, que se présente le premier groupe des colons qui viennent s’établir sur l’île de Montréal. Chomedey de Maisonneuve est leur chef. La société qui dirige l’entreprise porte le nom suivant : « Société de Notre-Dame de Montréal pour la conversion des sauvages de la Nouvelle-France ». Les « Véritables Motifs » qui expriment les intentions des fondateurs, constituent un plaidoyer pour la conversion des Indiens. En un mot, ces gens veulent assembler « un peuple composé de Français et de sauvages qui seront convertis, pour les rendre sédentaires, les former à cultiver les arts… et la terre, les unir sous une même discipline… et faire célébrer les louanges de Dieu en un désert où Jésus-Christ n’a jamais été nommé… ».

Les Relations accordent leurs louanges à ce projet : « Au reste si jamais les Français s’établissent en cet endroit, j’espère que les sauvages qui ont autrefois habité cette contrée, et qui sont montés plus haut pour la crainte de leurs ennemis, retourneront dans leur ancien pays, où ils trouveront la vie de l’âme, n’y cherchant que la vie du corps »[1]. Puis, « cette île doit être un grand abord de plusieurs peuples… ». Les Hurons, les Iroquois même pourraient s y établir ou y venir pour trouver une inspiration chrétienne. La Nouvelle-France connaît le projet depuis plusieurs mois et elle en conçoit de grandes espérances.

Mais dans l’intervalle, l’armée iroquoise est venue aux Trois-Rivières. La colonie juge que maintenant c’est la guerre avec les Iroquois et une guerre fort dangereuse. Quand Maisonneuve arrive à Québec, avec la première recrue, Montmagny, les Jésuites « et autres personnes de mérite » s’opposent à l’établissement des nouveaux venus dans l’île de Montréal ; ou plutôt, ils ne la conseillent pas. Le lieu est trop exposé. Dollier de Casson résume ainsi le débat : « Vous savez que la guerre a recommencé avec les Iroquois, qu’ils nous l’ont déclarée au Lac de

  1. Idem, 1640-38