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IROQUOISIE

D’autres Algonquins du nord imitent cet exemple, et, entre autres, une tribu de cinq cents âmes qui vient hiverner dans la tranquillité. Elle vivote autour de ce peuple fort, résistant, qui a jusqu’ici opposé un puissant rempart contre les attaques iroquoises.

Ainsi se complète peu à peu le portrait des Hurons. Ils sont rusés et habiles comme des Phéniciens ; ils ont de l’entregent ; ils occupent un habitat stratégique pour le commerce ; ils achètent et revendent ; leurs relations avec leurs voisins sont amicales. Mais, le moment venu, ils peuvent défendre leur position commerciale avec habileté et dureté. Maintenant leur force n’est plus qu’un trompe-l’œil. Ils sont comme un bois tout vermoulu qui a conservé la même apparence extérieure, mais que le moindre choc réduira en poussière.


(1641)

Après le départ des cinq cents Iroquois, au commencement de l’été, les Jésuites et les administrateurs du pays jugent la situation si grave qu’ils décident d’envoyer en France, pour représenter le danger et obtenir du secours, un homme capable de pénétrer jusqu’au puissant Cardinal. Le père Barthélemy Vimont dira que « les affaires de ce pays m’ayant obligé d’envoyer en France un de nos Pères, pour représenter l’état auquel les courses des Iroquois réduisent cette église naissante », il a choisi son confrère, le père Paul Le Jeune. La colonie veut « faire entendre l’importance du secours qui nous était nécessaire pour s’opposer aux efforts de ces Barbares »[1]. Car enfin « quiconque arrêtera ou domptera la fureur des Iroquois, ou qui fera réussir les moyens de les gagner, ouvrira la porte à Jésus-Christ dans toutes ces contrées »[2]. Parlant des tribus récemment découvertes, les missionnaires écrivent : « La porte nous est fermée à tous ces peuples par les Iroquois ».

  1. Idem, 1642-1
  2. Idem, 1641-89