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IROQUOISIE

C’est ici que se décident vraiment les guerres iroquoises.

Les assistants évacuent la cabane. Tout de suite commencent quelques-unes des cérémonies brutales et pittoresques de l’âge de pierre que Champlain aime à peindre. C’est que l’occasion est solennelle. Les Algonquins du bas du fleuve viennent de remporter une grande victoire sur les Iroquois, probablement les Agniers. Le printemps venu, ils ont opéré une concentration de guerriers, plus de mille. Jamais après la présente date, un de leurs partis de guerre n’atteindra même de loin ce chiffre. Ce détachement n’était pas levé pour une guerre offensive, loin de là ; au contraire, il s’est posté à l’embouchure du Richelieu. Et là, il a défait une grosse bande ennemie qui était arrivée au Saint-Laurent. Une centaine d’Agniers sont demeurés sur le champ de bataille. Leurs chevelures pendent maintenant dans le dos des Algonquins victorieux.

Le lendemain, le grand sagamo fait le cri. Les wigwams se démontent. Deux cents canots remplis d’hommes, de femmes et d’enfants traversent les eaux saguenayennes. Les Indiens continuent sur les sables de Tadoussac les cérémonies de victoire : courses, danses, tabagies, festins. ; À la tête d’un groupe algonquin se distingue déjà Tessouat, le potentat de l’île des Allumettes, que Champlain rencontrera souvent plus tard. Et ces réjouissances révèlent des races païennes robustes, fermes, pleines de vitalité ; et qui ne ressemblent en rien aux piteux débris que connaîtront plus tard les colons français.

Champlain, qui a lu les voyages de Jacques Cartier, peut recueillir tout de suite des observations préliminaires. La guerre contre les Iroquois semble se centrer à Tadoussac en ce moment. Pendant une période encore, elle aura là sa source. Les Montagnais, qui ont adopté Tadoussac comme lieu de rassemblement, comptent parmi les ennemis les plus cruels, les plus actifs, les plus persévérants des Iroquois. Ils ont mis le Saguenay sous leur domination. Aucun canot iroquois ne s’y engage ou n’en sort plus comme