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IROQUOISIE

l’ennemi brûle un village de la nation du Pétun ; plusieurs membres du clan meurent de froid, de faim ; d’autres se noient. On ignore quelle tribu iroquoise a fait le coup. Durant l’été, nombre de prisonniers iroquois arrivent en Huronie. Quel est exactement leur nombre ? À la suite de quel combat se trouvent-ils maintenant captifs ? On ne sait. Les Hurons les partagent entre diverses bourgades. Les pères courent à la Conception, à Saint-Michel, plus loin encore, pour les convertir. Les Hurons s’opposent souvent aujourd’hui au baptême de leurs ennemis : ils ne sont pas souvent convertis eux-mêmes, mais dans le cas où le paradis existerait, ils ne veulent pas que leurs ennemis s’y rendent.

Durant l’été, la panique règne à La Conception pendant quelques jours : la rumeur circule que les Iroquois vont y lancer une attaque massive. Les mêmes appréhensions reviendront au début de l’hiver « en suite d’une fausse alarme qui leur était venue, qu’une armée d’Iroquois était sur le point d’enlever le bourg de Kontarea, principal boulevard du pays »[1]. Les Hurons subissent aussi une défaite qui paraît importante. Un chaman leur avait prédit la victoire « en suite d’une impudicité publique dont ils lui (au démon) avaient fait hommage »[2]. Le parti s’éloigne, plein de confiance, mais il est détruit. L’un des chefs de cette expédition, Attironta, de même que son frère, avaient suivi les instructions des missionnaires. Le premier est capturé et brûlé ; le second s’échappe. Attironta avait de nombreuses connaissances en Nouvelle-France. C’était « celui qui autrefois, le premier des Hurons, avait descendu à Québec, et lié amitié avec les Français »[3]. Champlain l’avait compté parmi ses amis. Aussi lorsque les Hurons accomplissent la cérémonie de ressusciter le mort, c’est-à-dire de donner le nom du mort à une autre personne, ils invitent les Français. On sait aussi que des guerriers du bourg Saint-Michel se rendent en Iroquoisie. Les Relations ne contiennent qu’une brève indication. Une grosse tempête assaille les canots sur le lac Ontario : « Ils chantent tous une

  1. RDJ, 1642-74.
  2. Idem, 1642-84.
  3. Idem, 1642-86.