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IROQUOISIE

vraiment les Iroquois veulent vivre en paix avec les Algonquins, qu’ils relâchent un prisonnier algonquin comme c’est la coutume.

Les négociateurs répondent qu’ils viendront aux Trois-Rivières le lendemain et qu’ils donneront alors leur réponse. Mais Montmagny redoute ce nouveau délai : les Iroquois peuvent fuir la nuit prochaine. Il demande la libération d’un Algonquin le soir même. Les Iroquois hésitent ; puis ils disent qu’ils ne peuvent prendre une décision sans tenir un conseil. Montmagny riposte qu’il attendra sur les lieux mêmes. Et, pendant ce dialogue, sept canots algonquins paraissent au loin sur le fleuve ; ils sont chargés de fourrures. Les guerriers iroquois ont peine à se contenir devant la riche proie qu’ils convoitent. Mais la barque, voiles déployées, entre en scène et les canots s’échappent.

Les Iroquois se retirent en leur fortin. Pendant une demi-heure, le silence règne. La nuit tombe. Des bruits s’entendent soudain dans le fortin : coups de hache, arbres qui s’écroulent. Les embarcations montent la garde non loin de la rive. Elles veulent empêcher la fuite de l’ennemi ; elles veulent aussi explorer à fond les pensées de paix qu’il peut avoir.

Au matin, Montmagny fait équiper un canot avec un guidon pour inviter les Iroquois à continuer les pourparlers. Mais maintenant l’ennemi a pris sa décision. Il n’a que des brocards et des huées pour ces préparatifs ; il crie qu’Onontio n’a pas donné d’arquebuses. Il arbore un scalp d’Algonquin sur le fortin ; il décoche des flèches sur la chaloupe.

Montmagny donne alors le signal : pièces de fonte de la barque et pierriers des chaloupes lancent des boulets sur le fortin. Mais les Iroquois ont prévu cette attaque : ils ont transporté une partie de leur butin dans un second fort, placé plus loin dans la forêt, et « si bien fait et si bien muni, qu’il était à l’épreuve de toutes nos batteries »[1]. Un moment de panique suit les premiers coups de canon : un Algonquin peut s’échapper des mains de l’ennemi ; il dit qu’un débarquement aurait peut-être eu quelque

  1. RDJ, 1641-46.