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IROQUOISIE

Marguerie fait son rapport. Les Iroquois, dit-il, veulent maintenant entrer dans l’alliance des Français. C’est à cette fin qu’ils n’ont eu que de bons traitements pour leurs deux prisonniers. Mais en même temps, ils veulent continuer la guerre contre les Algonquins et les Hurons « qu’ils haïssent à mort, et qu’ils veulent exterminer entièrement »[1]. Trois cent soixante guerriers se tiennent maintenant sur l’autre rive. Ils l’ont envoyé, lui, Marguerie, pour entamer les négociations.

Marguerie révèle encore ce fait, d’une importance capitale, que les Agniers possèdent maintenant trente-six arquebuses ; et qu’ils espèrent en recevoir une trentaine des Français. Leurs tireurs sont aussi adroits que des Européens. Ils ont des munitions. Ceux qui ne sont pas pourvus d’armes à feu, ont leurs arcs et leurs flèches.

Marguerie lui-même n’est pas rassuré sur les desseins des Iroquois. Une prisonnière algonquine l’a mis en garde. Elle lui a dit en secret que les Iroquois voulaient attirer les sauvages alliés à la France, les détruire, « et se rendre maîtres absolus de la grande rivière »[2]. Être maître du fleuve, c’est aussi être maître du commerce huron et algonquin des pelleteries.

Le jeune prisonnier révèle encore qu’il doit retourner immédiatement sur l’autre rive : Godefroy y est demeuré comme otage et répond de son retour.

Champflour lui confie une réponse dilatoire. Seul, dit-il, le Gouverneur de la Nouvelle-France peut négocier une affaire aussi importante ; Montmagny est favorable à la paix, croit-il ; des messagers partiront incontinent pour se rendre à Québec et le saisir de la demande des Iroquois.

Marguerie se rembarque dans sa pirogue après avoir échangé ses vêtements indiens pour des vêtements français. L’un de ses compatriotes l’accompagne. Ils apportent des présents et des vivres pour le détachement iroquois. Celui-ci se montre d’abord satisfait de la réponse de Champflour. En attendant Montmagny, il érige les retranchements habituels

  1. RDJ, 1641-40-41.
  2. Idem, 1641-41.