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IROQUOISIE

qui se montrent magnanimes : « Quelques sauvages des nations plus hautes, ne voulant pas irriter les Français, firent des présents, à ce qu’on délivrât ces deux pauvres captifs »[1]. Des conseils généraux, où sont présents des sachems de toutes les tribus, ont bientôt lieu. La nation tout entière décide de négocier la paix avec les Français. Les Iroquois viendront à cet effet en Nouvelle-France, au printemps, avec leurs prisonniers. Deux chefs de famille auront garde de ceux-ci jusqu’au départ. Marguerie et Godefroy vivent ensuite paisiblement dans la bourgade. Ils chantent l’Ave Maris Stella aux heures pénibles ; ils écrivent u message à la dérobée sur une peau de castor, et ils obtiennent des vêtements des Hollandais ; ils tentent de communiquer plus librement avec ces derniers, mais sans y réussir. Ils ne forment aucun projet d’évasion. Ils travaillent même activement à promouvoir la paix.

Au moment fixé, vers la fin d’avril, une bande de cinq cents guerriers quitte l’Iroquoisie avec Marguerie et Godefroy. Quelques uns abandonnent bientôt l’expédition. Les autres se partagent plus tard en deux détachements : l’un se poste à l’embouchure du Richelieu et dans les îles du fleuve afin d’intercepter au passage les canots algonquins ou hurons chargés de fourrures ; les autres descendent aux Trois-Rivières. Ils y arrivent à l’aube, le 5 juin, en vingt canots : les Français les aperçoivent un peu en aval du poste ; d’autres embarcations paraissent plus tard dans le milieu du fleuve.

La panique règne dans la factorerie des Trois-Rivières. Les Algonquins éprouvent des craintes sur le sort de leurs compatriotes qui chassent le castor dans les environs. En effet, un canot algonquin sort du Saint-Maurice, et les Agniers le capturent à la vue du poste. Un peu de temps s’écoule. Une pirogue algonquine se détache de la rive droite ; elle porte un drapeau blanc. Les Français reconnaissent vite l’homme qui le monte : c’est Marguerie. Il se rend tout de suite au fort où il a une entrevue avec le gouverneur de la place, M. de Champflour.

  1. RDJ, 1641-39.