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IROQUOISIE

Toutefois, il faut noter que dans les documents cités plus haut, il n’est jamais question que des Agniers. Ce sont les historiens qui remplacent le mot Agniers, par le mot Iroquois. Si l’on suit attentivement le texte, il ne peut être question que de l’épuisement des fourrures dans le pays des Agniers. Ce rappel à la lettre des écrits, n’est pas inutile. Sans doute, on peut affirmer que les Agniers sont les agents des autres tribus iroquoises, leurs intermédiaires, et que s’ils n’apportent pas de pelleteries, c’est que leurs voisins n’en ont plus. Cependant, ce raisonnement ne paraît pas assez souple pour exprimer la vérité. Les trois tribus les plus occidentales, — Goyogouins, Onnontagués, Tsonnontouans, — vivent loin de Fort Orange, n’y vont pas souvent, sont peu tentées par les marchandises européennes. Elles participent plus que leurs voisines à l’existence encore primitive de l’Amérique centrale ; elles peuvent obtenir des fourrures des Ériés, et peut-être, de peuples encore plus occidentaux, par voie de troc et d’échange. En fait, elles entreront plus tard dans la véritable bataille pour les fourrures. Pendant vingt-cinq ans encore, leur politique cadrera assez peu avec celle des Agniers ; et même, en maintes circonstances, elle s’y opposera.

Mais pour les Agniers la question tragique se pose maintenant : ou obtenir des pelleteries, ou rétrograder vers leur civilisation primitive, en laissant leurs ennemis recevoir à flot les marchandises européennes.


(1640)

En Huronie, la petite guerre mijote pendant que la troisième épidémie suit son cours. De juin 1639 à juin 1640, des combats ont lieu ; mais pas de grandes défaites : « Quant à la guerre, disent les Relations, leurs pertes ont été plus grandes que leurs avantages ; car le tout consistant en quelques têtes cassées sur les chemins, ou quelques captifs amenés dans le pays pour les y brûler et manger sans autre intention que de ruiner et exterminer leurs ennemis en les tuant,