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IROQUOISIE

Le Gouverneur se présente ensuite aux Trois-Rivières avec la flottille française. Le vent l’a retardé. La démonstration militaire l’entraîne-t-elle au-delà du poste, jusqu’à l’embouchure du Richelieu, comme en 1637 ? On ne sait. Il se peut que les Iroquois aient déguerpi un peu avant sa venue ou aient fui devant lui. La seule phrase qui fournisse une indication est la suivante : « Monsieur notre Gouverneur, montant aux Trois-Rivières avec une barque et quelques chaloupes bien armées, leva ces obstacles : Car encore bien que la contrariété des vents, et la précipitation des Sauvages lui eussent ôté l’occasion de défaire leurs ennemis qu’il allait trouver »[1]. les Algonquins le reçoivent avec allégresse. Mais aucun mot ne révèle soit la date de la bataille, soit les effectifs en présence, soit le nombre des morts et des prisonniers. En un mot, pas d’indice sur l’importance du blocus ou du combat. Si l’on en juge par la présence de quelque vieille femme algonquine parmi les prisonniers, il faut croire que les Iroquois ont tout de même capturé quelque canot voyageant sur le fleuve.

Ces incursions iroquoises massives trouvent la race algonquine apathique. Elle ne réagit pas avec puissance comme en 1603, en organisant tout de suite des représailles. Tout au contraire. Elle ne songe qu’à « s’habituer » auprès des Français, qu’à cultiver le sol autour des postes, qu’à se placer à l’abri des canons. Les défrichements sont commencés à Sillery. Les Français veulent diriger cette œuvre de stabilisation qui, à leur avis, peut sauver ces Indiens. La construction de quelques maisons pour eux, excite un intérêt si vif que plus de huit cents Algonquins en cent canots viennent les examiner, de même que les essarts préparés par leurs compatriotes. Plus de dix tribus ont des représentants dans cette vaste délégation.

Malheureusement, cette œuvre reçoit un coup mortel dès le début : une troisième épidémie éclate en 1639 parmi les Algonquins de la Nouvelle-France. On connaît assez la phrase célèbre des Relations pour l’arrivée des Sœurs de l’Hôtel Dieu : « Pour l’Hôpital, les Religieuses n’étaient pas encore logées, leur

  1. RDJ, 1639-15.