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IROQUOISIE

Les Hurons, pour leur part, ont éprouvé certaines pertes en 1637. Le vol d’une dizaine de canotées de pelleteries s’est accompagné de la perte d’une trentaine de leurs gens. Ils ont encore assez de vitalité, malgré les maladies contagieuses, pour songer à des représailles. La paix qu’ils ont conclue avec les Tsonnontouans subsistant toujours, ils guerroient contre les autres tribus. Les documents ne mentionneront par hasard que les Onneyouts ; mais il est probable que les Onnontagués et même les Agniers ont été engagés dans cette guérilla. Celle-ci est racontée dans la Relation huronne qui couvre la période écoulée de juin 1638 à la fin de juin 1639. Voici quelques phrases générales en guise de préambule : « De long temps, les Hurons n’ont eu plus de bonheur et d’avantage sur leurs ennemis que l’année dernière. Étant allés à la guerre avec quelques Algonquins leurs voisins, ils prirent pour un coup, de leurs ennemis environ quatre-vingt, qu’ils amenèrent en vie dans le pays. Outre cet avantage le plus considérable de tous, ils en ont eu d’autres de moindre importance, qui en tout leur ont donné plus de cent prisonniers »[1]. L’expression, « l’année dernière » dans la phrase précédente, indique-t-elle l’année qui vient de s’écouler de juin 1638 à juin 1639, ou bien l’année antérieure ? Il semble que la première interprétation soit exacte : une relation, en effet, a couvert l’année antérieure et elle ne contient aucun récit de faits militaires.

En un mot, la Huronie a probablement remporté les victoires énumérées précédemment à l’automne de l’année 1638. La principale bande huronne qui se met en campagne est composée de trois cents guerriers, presque tous hurons, sauf un petit nombre d’Algonquins voisins, Nipissings peut-être. Elle chemine, précédée de ses éclaireurs. Ceux-ci se trouvent bientôt engagés parmi les avant-gardes d’un détachement iroquois d’une centaine de personnes. Tous, à l’exception d’un seul, réussissent à se replier indemnes vers leurs forces. Le Huron qui demeure prisonnier entre les mains de l’ennemi est d’un grand courage et d’une grande habilité. Il constate que le

  1. RDJ, 1639-67.