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IROQUOISIE

disparaissent. Les missionnaires reviennent à plusieurs reprises sur le sujet. Ils écrivent des phrases comme la suivante : « Dans la Grande contagion qui a massacré quasi tous ces peuples, sans s’attaquer aux Français… »[1], ou bien comme la suivante : « …Les sauvages du pays ayant été malades extraordinairement… »[2]. Il faut enfin comprendre ce que les mots signifient ; ce n’est pas la première fois que les Jésuites l’emploient pour les peuples algonquins qui sont en voie de se consommer, de se fondre sur place. Ils n’ont jamais été nombreux.

Mais pour être de nouveau revenue en Nouvelle-France, la maladie contagieuse n’a pas pour cela quitté la Huronie. L’automne 1637 et l’hiver 1637-8 la voient à l’œuvre avec une malignité nouvelle. « La mortalité était partout »[3]. Des bourgades disparaissent parce que trop d’habitants sont morts et que les autres ont pris la fuite. Les missionnaires sont chargés d’une tâche surhumaine. Ils vont d’une famille à l’autre, d’une cabane à l’autre, d’un village à l’autre, tentant de soigner, de convertir les malades, de baptiser les mourants, de répondre aux appels désespérés qui viennent de partout.

Par sa persistance indue, le fléau met la nation aux portes du désespoir. Elle s’en prend toujours aux Jésuites. Ceux-ci doivent se rendre aux conseils où, accusés devant le peuple, ils se défendent par des plaidoyers énergiques. Ils se justifient. Mais leur existence est tellement menacée qu’ils s’attendent aux coups de hache, aux supplices.


(1638)

En 1637, les Algonquins ont d’abord subi une défaite, puis ils ont remporté une victoire. En 1638, ils ne conduisent aucune incursion contre leurs ennemis. Leur déchéance peut se rattacher à cette période. Leur nombre diminue, leurs forces décroissent, et le facteur militaire qu’ils représentent devient de moins en moins important.

  1. RDJ, 1638-22.
  2. Idem, 1638-23.
  3. Idem, 1638-34.