Page:Desrosiers - Iroquoisie, tome 1 (1534-1646), 1947.djvu/181

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE XI


(1637)

En 1637 apparaissent donc des symptômes plus accusés de la crise de demain. L’épuisement des fourrures se marque dans les nouveaux districts et il s’avère dans d’anciens. Amis des Algonquins, les Abénaquis tentent de dériver vers la Nouvelle-Angleterre le flot des pelleteries canadiennes ; et les Agniers commencent à la canaliser par la force vers la Nouvelle-Hollande.

Aucun document ne spécifie de façon précise que ce sont les Agniers qui se sont postés dans les îles de Sorel pour capturer les fourrures des Hurons. Toutefois aucun doute n’est permis. Les documents français omettront souvent le nom de la tribu et ne parleront que des Iroquois. Par contre, les documents hollandais ne connaîtront pendant une trentaine d’années et plus, sauf rares exceptions, que les Agniers. Pour eux, les Iroquois se divisent en deux peuples : les Agniers et les Senèkes ou Senecas, ce dernier vocable comprenant les quatres tribus supérieures, Onneyouts, Onnontagués, Goyogouins, Tsonnontouans. Ce sont toujours les Agniers qui viennent à Fort Orange, qui renouvellent le traité d’alliance, qui donnent des nouvelles ou tuent des animaux. On en vient à se demander s’ils n’y conduisent pas tout le commerce de l’Iroquoisie, en y servant d’intermédiaires aux autres tribus ; s’ils ne sont pas aussi les seuls Iroquois à nouer des relations intimes avec la Nouvelle-Hollande. C’est un phénomène curieux. Sont-ils les agents ou les intermédiaires des autres tribus pour la traite des pelleteries ?