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IROQUOISIE

chement, les laboureurs y trouvent des outils, haches et couteaux de leur ancienne façon Il faut croire que les Algonquins étaient bien alors les maîtres des Iroquois puisqu’ils les ont obligés de se transplanter si loin. Personne n’a pu me dire rien de certain de l’origine de cette guerre ; mais elle s’est toujours faite bien plus cruelle entre ces deux nations qu’entre les Iroquois et les Hurons qui parlent même langue ou à peu près. L’on a seulement su que les Iroquois ont commencé les premiers à brûler (leurs prisonniers), importunés de leurs ennemis qui venaient leur casser la tête, lorsqu’ils travaillaient dans leurs déserts (champs), ils s’imaginaient que de si cruels tourments leur donneraient du relâche »[1].

Encore une fois des derniers voyages de Cartier et de Roberval jusqu’en 1600, il ne s’écoule que soixante ans ; des témoins oculaires de tous les événements de cette période subsistent encore. La tradition française peut plonger ses racines dans des mémoires vivantes. D’autant plus que les premiers événements militaires auxquels assistent les Français qui ont écrit, que les régions occupées par les combattants, que toutes les dispositions topographiques des tribus, la confirment en tous points.

Il faut ensuite se hâter de proclamer son ignorance et ses incertitudes. Les voyages de Jacques Cartier et de Roberval n’ont été que de brefs coups de réflecteurs sur un pays qui est resté baigné par la nuit. D’immenses régions sont demeurées dans le noir. Ainsi les tribus algonquines habitent certainement en 1535 des territoires situés entre les bourgades iroquoises, ou derrière elles, ou sur leurs flancs. Il le faut puisque très prochainement, elles détruiront ou chasseront les Iroquois. Mais aucun document n’en parle.

  1. Collection de Manuscrits, v. 1, p. 253.