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IROQUOISIE

voit que la tête par-dessus le bordage : ce sont probablement les prisonniers capturés par l’ennemi.

La barque revient, Français, Algonquins, Hurons s’attendent à une attaque. Ils prennent leurs dispositions de bataille. Quelques petits canons, des armes à feu assurent la sécurité du poste. Les Iroquois n’ayant pas réussi à attirer leurs adversaires dans un guet-apens, examinent de loin l’habitation. Dans le même temps, un Huron du premier canot capturé, arrive aux Trois-Rivières ; il annonce que l’embarcation qu’il montait s’est jetée à la côte, que les occupants ont fui dans la forêt, et que, pour sa part il s’est dissimulé dans un arbre creux et a échappé aux recherches. Les Iroquois, dit-il, sont à l’affût dans les îles, à l’entrée du lac St-Pierre, et ils captureront inévitablement les autres canots du convoi huron que l’on attend de jour en jour.

Et c’est alors qu’éclate la faiblesse de la coalition laurentienne dans les actions défensives. Elle peut opérer une concentration de guerriers, pour une attaque en pays ennemi, en l’annonçant un an ou plusieurs mois à l’avance. Mais si une expédition iroquoise pénètre sur son territoire, elle reste impuissante ; il lui faut des semaines et des mois pour mettre au courant du fait les tribus qui la composent et qui sont dispersées dans un vaste pays, de Tadoussac au lac Huron.

Les Français, eux, ne sont qu’une poignée aux Trois-Rivières. Montmagny décide de demander des secours à Québec, Il faut rétablir la circulation sur le fleuve ; autrement, le convoi huron tombera dans le traquenard avec ses pelleteries. Des messagers partent en hâte.

Et l’attente commence. Le soir même un canot huron arrive aux Trois-Rivières. Il apporte de mauvaises nouvelles. Voici ce qui s’était passé. Le père Ragueneau, qui se rendait en Huronie, avait réussi à traverser le secteur dangereux du lac Saint-Pierre avant l’arrivée des Iroquois ; il ramenait l’un des trois jeunes Hurons qui avaient hiverné au Séminaire. Un peu plus loin, il avait rencontré une flottille de dix