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IROQUOISIE

et le bénéfice qui pouvait ainsi leur échoir, ils devinrent enragés pour en avoir, pourrait-on dire, et furent prêts à verser n’importe quel prix pour en obtenir… » Et tout de suite, la situation devient alarmante.

Est-il sage de s’arrêter à ces récriminations, à ces accusations réciproques ? Étant donné la nature humaine, la convoitise des Indiens, l’avarice des européens, le mousquet doit tomber entre les mains des indigènes dans un avenir plus ou moins rapproché. En 1637, la vente des armes à feu se fait dans les régions voisines de la côte. Elle n’a pas atteint encore la Nouvelle-France ni l’Iroquoisie. Toutefois, quelques iroquois, un très petit groupe, possèdent en ce moment des arquebuses. D’après les accusations des Hollandais, ce sont les Anglais qui leur en ont vendu quelques unes.

Alors, la visite des Abénaquis pose l’attention sur deux points importants : les fourrures qui deviennent de plus en plus rares dans les régions où se pratique la traite, puisque les Abénaquis en cherchent en Nouvelle-France : et le danger prochain, actuel même dans les colonies anglaises, de la vente des armes à feu aux Indiens. Ceux-ci peuvent s’en servir contre les Européens d’abord, qui ne sont que de petits groupes, dispersés ici et là, et ensuite contre leurs ennemis sauvages. La tribu qui s’armera la première, ou qui pourra se ravitailler en armes à feu plus facilement que les autres, aura de très grands avantages dans les combats.


(1637)

La vie en Huronie devient pour les missionnaires un véritable cauchemar. Tout l’hiver, ils ont couru d’une bourgade à l’autre, instruisant, soignant, baptisant les mourants. Le pays veut trouver la personne responsable de l’horrible malheur : la maladie contagieuse. Parfois, il l’attribue aux Andastes, parfois aux Algonquins de l’Île, puis enfin aux Français. C’est la sœur d’Étienne Brûlé qui se venge,