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IROQUOISIE

de Québec. Ils désirent se rendre aux Trois-Rivières. Malgré les immenses distances, les deux tribus ont de fréquentes relations. « Mais ce n’est pas le bien de Messieurs les Associés, car ces barbares viennent enlever les Castors de ces contrées pour les porter ailleurs… »[1] c’est-à dire aux Anglais établis dans les provinces qui bordent l’Atlantique. Montmagny n’est pas content : il appelle devant lui le capitaine des Abénaquis et celui des Montagnais ; il réprouve leur dit-il, que « ces marchands vinssent trafiquer sur les brisées de nos Français, si bien qu’il menaça les Montagnais de faire défense au magasin de leur traiter aucuns vivres jusques à ce que les Abénaquis fussent partis ». Les Abénaquis se soumettent en apparence ; ils s’embarquent en leurs canots pour retourner en leur pays ; mais une fois hors de la vue, ils prennent la route des Trois-Rivières. Ils ont une certaine quantité de grains de nacre qu’ils désirent échanger contre des pelleteries. Montmagny écrit aux Trois-Rivières pour donner avis de la fugue. M. de Chateaufort, gouverneur, assemble la douzaine d’Abénaquis et des Algonquins. Les premiers affirment qu’ils n’ont d’autre désir que d’assister leurs alliés dans la guerre contre les Iroquois. Les Français fouillent quand même leurs bagages ils n’y trouvent pas de peau de castor, « mais bien trois arquebuses ».

Et maintenant s’ouvre en Nouvelle-France, la question importante de la vente des armes à feu aux indigènes. Les contrebandiers basques en avaient traité quelques unes avant 1629. Ensuite, les renseignements les plus précis viennent de la Nouvelle-Angleterre. Chacun accuse son prochain. Ainsi le gouverneur de Plymouth jette le blâme sur les Français de l’Acadie. Ils auraient inauguré ce commerce dangereux des avant 1629.[2] Trafiquant sur les côtes, des matelots anglais auraient suivi cet exemple. Puis à Plymouth même, un individu du nom de Morton, la bête noire du Gouverneur, aurait enseigné aux Indiens à se servir des armes à feu, et « alors, quand ils virent l’effet d’un seul de ces mousquets,

  1. RDJ, 1637-86.
  2. Winthrop’s Journal