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IROQUOISIE

donneront des palis pour enclore un coin de terre où ils pourront se défendre. Le soleil à peine levé, les sauvages accourent tous, grands et petits ; et, sous le coup de la crainte, ils travaillent avec tant d’ardeur qu’en moins de quatre heures ils érigent une solide palissade. Deux familles commencent des défrichés ; elles ensemenceront un demi-arpent de terre.

Une profonde appréhension continue à régner. Les Algonquins surveillent étroitement le fleuve. Une barque française monte à la rivière des Prairies ; les matelots découvrent « un canot, qui rôdait doucement à l’entour des îles, pour voir s’il ne découvrirait point quelque Iroquois »[1]. Deux des Français demandent aux Indiens de les ramener aux Trois-Rivières ; ils n’obtiennent ce privilège qu’avec peine : ces alliés sont persuadés que les Iroquois les tueront au retour. Ils sont nerveux et demeurent aux écoutes ; ils sont convaincus que des bandes ennemies sont en route. Leur instinct ou leurs renseignements sont sûrs. Le 27 juin, ils reçoivent des nouvelles précises. Mais c’est une victoire qui leur est cette fois annoncée et non pas une défaite. La tribu d’Iroquet l’a remportée. Les indications sont vagues. On ne connaît ni le lieu de la bataille, ni le chiffre des effectifs en présence, ni le nombre des morts et des blessés. Le combat a pris place sur le fleuve. Les canots des Algonquins, en écorce de bouleau, étaient plus légers et plus vifs que les gros canots d’écorce d’orme des Agniers. Les Indiens du Canada étaient aussi plus nombreux que leurs adversaires. Les Iroquets ramènent treize prisonniers vivants, ce qui indique des effectifs en présence assez considérables. « … Ils se battirent fort et ferme sur l’eau »[2]. dit la Relation. Les Algonquins des Trois-Rivières obtiennent un captif. Le malheureux subit la torture à mort à la vue des habitants. Cette fois, personne n’intervient et le long tourment suit son cours.

Les représailles des Algonquins sont donc bonnes. Mais le poids de crainte qui pèse sur eux ne s’allège pas. Des Abénaquis viennent rendre visite aux Indiens

  1. RDJ, 1637-84.
  2. Idem, 1637-84.