Page:Desrosiers - Iroquoisie, tome 1 (1534-1646), 1947.djvu/157

Cette page a été validée par deux contributeurs.
159
IROQUOISIE

Trois-Rivières. Les Algonquins l’étrangleront à la fin sur la rive droite du fleuve. Ils manifestent plutôt dans les supplices qu’ils infligent, la rage animale des brutes que la savante et froide cruauté des races iroquoise.

En présentant la jeune Iroquoise à M. Du Plessis-Bochart, les Algonquins avaient regretté l’absence des Français parmi leur parti de guerre : « … Il eût été bien à propos, disent-ils, de voir quelques uns de vos jeunes gens parmi nous à la guerre… »[1]. Mais le Général sait leur rappeler que même en cette expédition, ils se sont querellés et ils se sont divisés ; et il ajoute que si jamais les Français attaquent l’Iroquoisie, ils ne reviendront point sans détruire des bougades entières. Cette rodomontade plaît assez aux Algonquins.

Ce n’est que le dix-huit août que les Hurons arrivent à Québec. Ils renouvellent leur alliance ancienne avec les Français au cours des conseils qui ont lieu. Mais il n’y est que fort peu question de guerre. Le Général dit, par exemple, aux visiteurs que s’ils amènent une vingtaine de leurs enfants au séminaire des Hurons, il leur enverra une vingtaine de soldats pour les aider à se défendre et pour les rassurer au milieu de leurs alarmes quotidiennes. Pour refuser cette requête, les Hurons « dirent qu’il y avait de grands dangers de descendre ça bas, pour les courses de leurs ennemis »[2]. Car les quatre tribus iroquoises qui n’ont pas signé le traité continuent à harceler les Hurons. Durant l’été 1635, la Huronie s’est attendue à une invasion. L’été est toujours la saison dangereuse. Tous les hommes solides partent, qui pour les traites dans le nord de Québec, qui pour celle de Québec, qui sont les deux principales, qui, pour les voyages de chasse, de pêche, La Huronie a tendance à se vider de sa population mâle. Alors les sachems répandent parfois eux-mêmes des rumeurs d’invasion pour retenir plus facilement des guerriers dans le pays. C’est eux qui donnent les permissions de s’éloigner, et parfois les jeunes sont prêts à désobéir. L’appréhension a régné aussi durant l’hiver 1635-36. Par deux fois

  1. RDJ, 1636-68.
  2. Idem, 1636-73.