Page:Desrosiers - Iroquoisie, tome 1 (1534-1646), 1947.djvu/154

Cette page a été validée par deux contributeurs.
156
IROQUOISIE

Hurons ne descendraient point cette année, pour les grands bruits de guerre qui couraient par toutes les nations par lesquelles ils devaient passer »[1]. Et le 18 juillet, le général part pour le Richelieu : deux ou trois cents sauvages l’y attendent pour parler de leurs entreprises de guerre. La division s’est mise chez les Algonquins ; ils s’accusent mutuellement d’avoir trahi La Grenouille et ses compagnons. Un capitaine montagnais, La Perdrix, s’est même venu jeter sous la protection du Général ; d’aucuns l’accusent et le veulent mettre à mort : « … On le soupçonnait, mais à tort, d’avoir reçu des présents des Iroquois, et d’avoir trahi La Grenouille et les autres qui avaient été massacrés ; ils en pensaient autant d’un autre, qu’ils voulaient aussi égorger »[2]. Tandis qu’au fond, il semble bien que ce sont les Hollandais qui, après avoir attiré les Algonquins, avoir organisé une expédition de traite avec eux, les ont dénoncés aux Iroquois pour que ceux-ci leur infligent de mauvais traitements ou la mort. De cette façon sera arrêtée la dérivation des pelleteries iroquoises vers la Nouvelle-France. Le père Le Jeune et le Général sauvent ce capitaine. Mais celui-ci avait tout de même fait un voyage en Iroquoisie, avant le massacre de La Grenouille, comme le révélera la Relation de 1637.

Le général Du Plessis-Bochart trouve donc de deux à trois cents guerriers rassemblés à l’embouchure du Richelieu. Il aurait employé toute son énergie à les réconcilier et à rétablir la paix entre les diverses factions. Puis il ne leur aurait ensuite parlé que de conversion. Lui demande-t-on des secours militaires contre les Iroquois ? Les Relations n’en disent pas un mot. C’est pourtant probable. Mais Champlain est mort. Qui pourrait conduire à sa place une expédition de ce genre ? Au fond, l’occasion est assez belle. Le massacre des vingt-trois Algonquins a ému toute la Coalition ; elle est plus disposée à entreprendre une expédition vigoureuse qu’elle ne l’a jamais été depuis longtemps. Mais il semble que les Français soient contents de la punition tragique que les Algonquins ont reçue ; elle leur a fait passer l’envie

  1. RDJ, 1636-64.
  2. Idem, 1636-64.