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IROQUOISIE

ditions. Provoqué par certaines paroles, M. Gand répond qu’il est exact que des Iroquois ont tué des Français. Ces derniers en rendront raison un jour ; ils sont prudents et ils prendront l’offensive quand ils seront nombreux ; « … Nous attaquerons, et ne quitterons point la guerre, que nous ne les ayons exterminés. Si vous voulez venir avec nous, vous y viendrez, mais comme vous ne savez pas obéir en guerre, nous ne nous attendrons pas à votre secours  ». Les Algonquins des Trois-Rivières sont à la fin assez satisfaits de la réponse : M. Gand soumettra leurs demandes aux chefs de la colonie.

Le deux juillet, les Montagnais de Tadoussac et les Algonquins de Québec adressent exactement la même demande aux chefs de la colonie eux-mêmes. Le massacre de vingt-trois des leurs a évidemment ému toute la nation qui ne songe maintenant, comme Le Borgne de l’Île, qu’à une vaste expédition de guerre. Le capitaine des Montagnais est même accompagné d’une bonne escouade de guerriers. Il demande une entrevue avec le Gouverneur de même qu’avec M. Du Plessis-Bochart ; le capitaine des Algonquins assiste au conciliabule, qui prend place dans le magasin de la Compagnie. Les Français s’assoient d’un côté, les Indiens de l’autre. Vêtu à la française, le capitaine de Tadoussac harangue le premier. « Vous savez que c’est le propre des amis de secourir ceux qu’ils aiment au besoin ; le secours que vous nous donnerez dans nos guerres sera le témoin fidèle de votre amitié ; votre refus me couvrira le visage de confusion  » [1]. Et le capitaine de Québec ajoute : « … Nous voici dans une saison de guerre fort fâcheuse, nous n’avons pas assez de force pour nous mettre à couvert de nos ennemis, nous recherchons votre abri, ne le refusez pas ; votre ami vous en conjure : si vous ne lui prêtez la main vous le verrez disparaître dans la mêlée de ses ennemis… ». Et ces deux chefs énumèrent tous les motifs pour lesquels les Français doivent leur accorder l’assistance militaire. Un vieillard parle même « à l’antique ». Les chefs se montrent très habiles dans leurs discours ; ils savent présenter leurs

  1. RDJ, 1636-60.