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IROQUOISIE

lorsqu’il les visitera de nouveau. Les Onneyouts lui enjoignent de ne pas mentir, de revenir au printemps et de leur donner des nouvelles. « Et si vous nous donnez quatre mains de grains de nacre, nous ne vendrons nos fourrures à aucun autre que vous ». Après ces pourparlers, les Onneyouts paraissent plus heureux, ils chantent, ils accordent aux visiteurs la permission d’aller et venir librement en leur pays, ils sont prêts à les fournir de tout : « … Et si je voulais aller chez les Français, ils me guideraient jusque chez eux et ils me ramèneraient… »

Les Hollandais ne quittent pas si vite le terrain. Le neuf janvier, ils sont encore sur les lieux. Ils signalent l’arrivée de dix Onnontagués, six vieillards et quatre femmes, C’est une délégation. D’autres conseils ont lieu. Les Hollandais reçoivent l’invitation de se rendre à Onnontaé, la capitale iroquoise, au printemps. Ils y recevraient de beaux présents. « …Et, après ceci, dit Bogaert, ils me donnèrent quatre autres peaux de castor et ils me demandèrent en même temps qu’un meilleur prix leur soit accordé pour leurs fourrures. Ils nous en apporteraient une grande quantité si nous nous rendions à leurs demandes ; et si je venais l’été prochain en leur pays je devrais amener trois ou quatre sauvages avec moi ; je pourrais alors faire le tour du Lac et ils me montreraient l’endroit où les Français viennent à la traite dans leurs barques »[1]. Le lac dont il s’agit est vraisemblablement le lac Champlain ou le lac Saint-François ; et les Indiens du Canada sont certainement les Algonquins des Trois-Rivières et ceux de l’île des Allumettes.

Enfin, le 24 janvier, les Hollandais quittent la bourgade onneyoute. Ils rapportent des présents et des provisions comme saumons, pain, chair d’ours, etc. Après un retour pénible, ils réintègrent Fort Orange. Le chirurgien s’est dressé un plan qu’il ne révèle pas pour faire échec aux Indiens du Canada et aux Français. Dans le domaine commercial, manœuvre appelle vite contre-manœuvre. L’été 1634 a été mauvais à la factorerie de Fort Orange ; le mal demande un remède.

Ce récit montre bien les agissements du monopole

  1. Narratives of New-Netherland, p. 154.