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IROQUOISIE

signaler Louis Amantacha qui est le protégé des jésuites et qui a fait un voyage en France.

Vu les effectifs en présence, cette défaite est importante. La coalition laurentienne n’en a pas subi de pareille depuis que les Français sont en Canada. Les Hurons s’attendent maintenant à ce que les Iroquois poussent leur avantage et envahissent leur pays. Alors, ils n’osent le quitter pour leurs voyages habituels de commerce. C’est sans aucun doute sous l’impression de ces mauvaises nouvelles que Champlain écrira de nouveau, le 18 août 1634, au cardinal de Richelieu. « Lesquels nous donnent bien ici de l’exercice venant de bien loin épier nos gens pendant qu’ils sont au travail et les tuant en trahison. Pour les vaincre et réduire en l’obéissance de Sa Majesté », il ne faudrait que cent vingt soldats Français avec des Indiens. Ces troupes « suffiraient pour les exterminer ou les faire venir à la raison. Je connais leurs forces et façons de faire la guerre… L’expérience que j’ai acquise… fait qu’avec ce secours je me promettrais une assurée victoire ».[1]. Champlain revient à la charge tout simplement, mais sans plus de succès.

D’autre part, de bonnes nouvelles se répandent. Les Tsonnontouans n’ont pas le désir d’exploiter à fond leur victoire, bien qu’ils soient les ennemis particuliers des Hurons. Ils entament des négociations de paix. « On nous rapporte, dit la Relation de 1634, que ces Iroquois triomphants ont renvoyé quelques capitaines aux Hurons pour traiter de paix, retenant par devers eux les plus apparents, après avoir cruellement massacré les autres »[2]. Les Missionnaires se préparent à profiter d’un accord. Dans l’éventualité d’une paix solide, ils enverraient quelques uns de leurs confrères chez les Iroquois pour les évangéliser ; ils tenteraient de maintenir la paix entre les Hurons et les Indiens du Canada. Des espérances naissent de nouveau.

Les missionnaires qui arrivent en Huronie s’établissent à Ihonatiria. Ils y apprennent tout de suite les méfaits du Borgne de l’Isle qui intrigue toujours pour enlever aux Hurons le rôle d’intermédiaires.

  1. Œuvres de Champlain, v. 6, p. 378 et 9.
  2. RDJ, 1634-88.