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IROQUOISIE

conduire plus loin. Continuant sa route avec des guides, il atteindra un second hameau qui est au-dessus du second sault. Toutefois la distance entre le premier et le second n’est pas grande, puisque les voyageurs y arrivent le même jour et qu’ils ont faim, ne s’étant rien mis sous la dent depuis le matin. Au retour, les Français trouvent quatre cents personnes au premier hameau. Cartier désire voir, en redescendant le fleuve, le seigneur d’Hagouchonda avec qui il a laissé deux Français ; mais celui-ci s’est rendu dans une autre bourgade nommée Maisouna.

Voilà les noms des villages qui passeront à l’histoire et dont les cartographes se serviront : Stadacone, Sitadin, Tequenonday, Tutonaguy, Maisouna, Hochelaga, Hagouchonda, Hochelay.

À quelle race appartiennent les indigènes de la vallée du Saint-Laurent ? Et tout d’abord, sont-ils de même race ? Cartier n’écrira jamais que deux ou trois lignes qui soient de nature à éclairer ce dernier problème. Parlant de la tribu d’Hochelaga, voici ce qu’il dit : « Tout ce dit peuple ne s’adonne qu’à labourage et pêcherie, pour vivre… ; et aussi qu’ils ne bougent de leur pays, et ne sont ambulatoires, comme ceux du Canada et du Saguenay ; nonobstant que lesdit Canadiens leur soient sujets, avec huit ou neuf autres peuples qui sont sur le dit fleuve »[1]. De ce passage, il faut retenir que huit ou neuf peuples, probablement des tribus, habitent les rives du Saint-Laurent ; que celui de Montréal est le plus puissant et qu’il domine les autres ; et qu’en plus, il est sédentaire, cultive le sol, tandis que les autres sont nomades, vivent de chasse et de pêche. Enfin, certains vivent dans des bourgades palissadées et certains dans des hameaux ouverts.

Ce peu de notations embarrasse les historiens. Une preuve linguistique existe à l’effet que les royaumes de Canada et d’Hochelaga sont iroquois. Elle est fondée sur deux vocabulaires que Jacques Cartier a dressés et qui s’intitulent de la façon suivante : « Langage de la terre nouvellement découverte nommée la Nouvelle-France » qui est de 1534 et « Ensuit

  1. H. P. Biggar — The voyages of Jacques Cartier, p. 161.