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IROQUOISIE

lièrement aux tribus canadiennes, qui ont beaucoup plus de fourrures qu’eux, la permission de traverser leur pays pour venir aux factoreries de l’Hudson. Mais quand les Hollandais seront les plus forts, les Agniers devront abandonner cette politique ; et alors la Nouvelle-Hollande pourra recevoir chez elle les Indiens du Canada et s’alimenter aux sources pelletières canadiennes.

Il faut citer textuellement ces phrases dont l’importance est grande : « … Parce que les sauvages, qui sont maintenant plus forts que nous, ne veulent pas permettre à d’autres Indiens qui sont hostiles et qui habitent plus loin, et qui ont de nombreuses fourrures, de passer sur leurs territoires ; cette situation changerait si nous avions des seigneuries plus puissantes. Oui, les Agniers, ne veulent pas permettre aux Indiens français, qui font maintenant la traite au fleuve du Canada, et, qui vivent plus près de nous que d’eux de passer pour venir jusqu’à nous, pourraient, par la persuasion ou par la peur, être portés à le faire plus tôt ; et de ces Indiens, on pourrait obtenir plus de fourrures qu’il ne s’en échange maintenant dans toute la Nouvelle-Hollande »[1].

Ces phrases expriment pour la première fois un point cardinal de la politique des Iroquois, politique qui ne variera pour ainsi dire jamais : empêcher les Indiens, qui vivent soit au nord, soit à l’ouest, de traverser leur propre pays avec des pelleteries pour aller les échanger eux-mêmes à Fort Orange. Il se complétera bientôt de la façon suivante : empêcher les Hollandais eux-mêmes de traverser l’Iroquoisie pour aller faire la traite avec les Indiens éloignés. Mais pourquoi ? Pour assumer eux-mêmes le rôle d’intermédiaire et retirer les bénéfices de cette fonction. Ils veulent acheter eux-mêmes les fourrures des Indiens éloignés, les revendre aux Hollandais, et toucher les bénéfices de ce négoce. Ils ambitionnent donc de jouer un rôle semblable à celui des Hurons.

Mais le point qui a le plus d’importance, et qui comporte plus de conséquences que celles que men-

  1. Van Rensselaer Bowier Manuscripts, p. 248.