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IROQUOISIE

De grands conseils ont lieu à Québec. Les Hurons offrent à Champlain les présents ordinaires de fourrures. Ils renouvellent leur traité avec les Français. La vieille amitié, l’ancienne confiance renaissent. L’accord se fait aux mêmes conditions qu’autrefois. De la part du roi de France, Champlain prend de nouveau l’engagement de leur fournir l’assistance militaire : son maître, dit-il, l’a envoyé pour leur donner sa protection. Il exécutera fidèlement sa mission vu qu’il considère lui-même les Hurons comme ses frères.

La Huronie tourne encore dans l’orbite de la France ; les fourrures quelle draine aboutiront à Québec. Personne n’oublie cependant la religion. Des Jésuites se préparent à évangéliser la Huronie. La veille du départ, des difficultés surgissent. Un Français a été assassiné. Champlain découvre que le coupable est un Algonquin de la Petite Nation. Il veut lui appliquer la sanction de la justice française, la pendaison. Comme d’habitude, il se heurte à la justice indienne qui n’exige que des réparations sous forme de présents. Le Borgne de l’Île intervient encore. Il ne veut pas que de nouveaux liens se forment entre la Nouvelle-France et la Huronie, ni, en conséquence, que des missionnaires se rendent là-bas. « Ces peuples, disent les Relations, voudraient bien que les Hurons ne descendissent point aux Français pour traiter leurs pelleteries, afin de remporter tout le gain de la traite, désirant eux-mêmes aller recueillir les marchandises des peuples circonvoisins pour les apporter aux Français ; c’est pourquoi ils ne sont pas bien aises que nous allions aux Hurons… »[1] En un mot, les Algonquins de l’Île convoitent le rôle d’intermédiaires et de voituriers. Le Borgne de l’Île affirme alors hautement que les compatriotes du meurtrier, soit les Algonquins de la Petite Nation, attendront au passage le convoi Huron pour attaquer les Français qui pourront s’y trouver. Les Hurons redoutent un coup de force ; ils ne veulent pas être mêlés à cette affaire. En un mot, l’intrigue est si habilement ourdie que Le Borgne a

  1. RDJ 1633-42.