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IROQUOISIE

L’un d’eux se nomme Robert Mellon ; quelques jours plus tard, il succombera à Québec aux six blessures qu’il a reçues, portant ainsi à trois le nombre des victimes.

Cet incident se produit le deux juin. Huit jours plus tard, un parti d’Algonquins revient d’une expédition de guerre. Il n’a pas rencontré d’ennemis. Le vingt, douze canots montés par des Nipissings se présentent à l’île Sainte-Croix. Ils se sont heurtés, eux, à des bandes iroquoises postées sur leur passage à deux ou trois endroits différents. Mais ils étaient sur leur garde, ils avaient toujours les armes à la main, ils se tenaient sur le qui-vive. Ils ont repoussé facilement toutes les attaques par surprise. Deux d’entre eux ont toutefois été blessés. « Ils appréhendent grandement cette nation, dira le mercure de france, n’aspirant notre assistance que pour les conquérir et défaire, pour avoir le pays libre ; ou autrement les passages seront tellement fermés qu’ils ne pourront venir que d’année en autre, ce qu’ils feraient plus souvent si les rivières étaient libres d’ennemis… »[1]

La grande flotte huronne n’apparaîtra que vers la fin du mois de juillet. Des groupes de dix à douze canots se présentent d’abord ; ensuite c’est le convoi de cent quarante canots montés par cinq à sept cents Hurons. Ni les uns ni les autres n’ont été inquiétés. S’ils arrivent si tard, c’est que les Algonquins de l’Île ont voulu les empêcher de descendre à Québec. Des Hurons ont en effet assassiné Brûlé, l’aventurier hardi. Il s’était, paraît-il, constitué l’agent des Anglais pendant l’occupation ; il avait été collaborationniste ; puis quelques penchants détestables avaient entraîné sa mort en Huronie. Le Borgne de l’Île représente alors aux Hurons que les Français attendent la première occasion pour se venger. Ces derniers hésitent longtemps à partir pour Québec. Mais ils se décident à la fin : autrement les Algonquins s’arrogeraient le rôle d’intermédiaires dans le commerce des pelleteries et eux, ils perdraient une source abondante de revenus.

  1. Mercure Français, v. XIX, p. 827.