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IROQUOISIE

en un plein pays »[1] Achelay ou Hochelay indiquent les rapides du Richelieu. Ces deux noms introduisent une confusion dans le récit. Quand Cartier passe pour la première fois, il y rencontre « un grand seigneur du pays, lequel fit grand sermon… » ; ce potentat voyage avec nombreuse escorte ; il veut donner deux enfants au capitaine ; celui-ci n’accepte que le plus âgé, une petite fille. Le même chef, accompagné cette fois-là de sa femme, rendra plus tard visite aux Français à leurs navires. Cartier lui décernera à cette occasion le titre de « seigneur de la ville de Hagouchonda ». Il le rencontrera de nouveau, il lui parlera en 1540, mais en le qualifiant cette fois du titre de seigneur d’Hochelay. Mais chaque fois, il s’agit du même personnage car l’auteur rappelle toujours la donation de la fillette. Aussi la récente découverte de l’emplacement d’une bourgade iroquoise entre Berthier et Lanoraie a conduit les archéologues à affirmer qu’il s’agissait d’Hagouchonda. La théorie est fort plausible.

Aux Trois-Rivières n’existe alors aucune bourgade. Après avoir dépassé le lac Saint-Pierre, le fleuve paraît habité jusqu’à l’île de Montréal. Cartier écrira la phrase suivante : « Durant lequel temps et chemin faisant, trouvâmes plusieurs gens du pays, qui nous apportaient du poisson… »[2] À l’île, plus de mille Indiens accourent au rivage. À elle seule la puissante bourgade d’Hochelaga contient peut-être trois mille cinq cents Indiens en ses cinquante cabanes d’écorce d’orme.

En 1540, Roberval et Cartier retrouveront à peu près les mêmes Indiens. Mais le second ne dira pas un mot d’Hochelaga qu’il a décrite avec tant de précision dans son premier récit. Par contre, il fournira d’autres détails sur la population de l’île. Le onze septembre, il atteindra le premier rapide, « qui est à deux lieues de la ville de Tutonaguy ». Incapable de remonter ce sault trop violent, il avancera sur la rive, à pied, comme le fera plus tard Champlain. Il rencontrera un premier groupe d’indiens qui lui fera bon accueil et lui donnera des gens disposés à le

  1. H. P. Biggar — The voyages of Jacques Cartier, p. 197.
  2. Idem, p. 149.