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IROQUOISIE

les prisonniers étaient des Agniers —, ont envoyé des partis de guerre sur le fleuve pour exercer des représailles ; ils ne veulent pas tomber entre leurs mains. Mais dans le même temps, ils se portent à l’attaque. Le 24 octobre, quelques Montagnais reviennent d’une expédition de guerre ; l’un des leurs a été tué, un autre capturé. La bande a fui à toute vitesse. Elle apporte la panique dans sa retraite. Les Algonquins des alentours de Québec abandonnent la chasse aux castors, à l’ouest ; ils viennent poser leurs wigwans sous les murs de l’habitation. Se rassembler, c’est augmenter leurs forces ; mais qui nourrira alors ce peuple qui vit de chasse ? Aussi, il doit bientôt se disperser.

Le capitaine actuel des Montagnais est un fier homme. Une fois, il avançait dans le pays ennemi à la tête d’une avant-garde ; soudain, il se trouve face à face avec un éclaireur de l’ennemi. Très robuste, celui-ci propose à l’Algonquin de régler le combat entre eux deux, sans engager leurs compagnons. L’Algonquin accepte. La lutte s’engage, et il est si fort que peu à peu, il terrasse complètement son adversaire, le lie, l’emporte sur son dos vers les siens comme un vulgaire colis.

Le 12 novembre 1632, des Indiens rapportent que des Iroquois ont paru dans le voisinage de Québec. C’est la même panique qu’au temps de Champlain. Les Algonquins viennent se placer sous la protection du fort. Les Français refusent de les laisser pénétrer à l’intérieur. Quelques arquebusiers sont prêts à leur prêter main forte. Ces nomades ne peuvent pas établir des enceintes palissadées pour résister aux attaques ; ils sont continuellement en mouvement ; alors toute surprise les prend au dépourvu, et ils n’ont qu’une idée en tête, fuir dans la forêt prochaine et se dérober. Ils demandent aux Français de construire une vaste habitation qui leur serait un refuge en cas de danger ; les arquebusiers leur fourniraient alors une assistance précieuse. Les missionnaires reçoivent cette requête encore plus favorablement que les chefs : ce serait un excellent moyen de rassembler les Indiens pour les évangéliser.