Laurent et l’Outaouais, ce sont les Alliés en danger, c’est le commerce des fourrures livré au hasard, c’est un Français, Pierre Magnan, tué alors qu’il représentait la France, et que personne ne peut venger. Des appréhensions envahissent le fondateur de Québec ; il n’a plus de confiance dans la solidité de son œuvre. Il pressent des heures plus difficiles encore.
Pourtant, aucun événement extraordinaire ne suit l’assassinat des ambassadeurs. Une rumeur circule à l’effet qu’un gros détachement de guerriers ennemis s’approche de la Nouvelle-France, l’excitation règne un moment, mais la nouvelle était controuvée. Plus tard, Champlain voit passer à Québec des Montagnais qui ont à leur tête un capitaine décrépit ; il n’a plus foi dans leur courage ; il notera plus tard que l’expédition est revenue « sans avoir fait mal à personne » ; elle ne s’est pas rendue assez loin pour découvrir aucun ennemi. Au printemps suivant, le 28 mai 1628, vingt-et-un Montagnais défilent encore devant Québec en sept canots ; ils se rendent en Iroquoisie pour se mettre à l’affût autour de quelque bourgade. Mais Champlain ne donnera aucune nouvelle ultérieure.
Il a d’autres soucis. La famine règne dans la colonie. Puis les Anglais raflent tout d’abord les navires français qui naviguent dans le Golfe. Un peu plus tard, ils détruisent, la grande flotte de Roquemont qui transporte en Nouvelle-France les colons, les approvisionnements, les marchandises qu’envoie la nouvelle et puissante Compagnie des Cent-Associés. Ils découragent ainsi la première tentative sérieuse de colonisation. C’est un échec d’une exceptionnelle gravité ; Richelieu n’imprimera pas sa marque sur le pays.
Déjà affamé au printemps, le groupe français du Canada ne reçoit aucun ravitaillement en 1628. La superficie des terres en culture ne dépasse pas vingt-cinq arpents. Champlain est réduit aux expédients les plus désespérés. Un instant par exemple, il a la velléité de former un détachement de cinquante à soixante Français ; de lui associer un corps