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IROQUOISIE

trouve plus de ressources en son territoire ; mais après ? L’une et l’autre, si elles veulent être mêlées au commerce des fourrures, obtenir des blancs des marchandises européennes, doivent être des intermédiaires purs et simples entre peuples qui récoltent les pelleteries, et factoreries qui les achètent.

Et ce rôle d’intermédiaires, toutes les peuplades indiennes du nord-ouest de l’Amérique en connaissent maintenant les bénéfices. Au Canada, c’est de l’histoire ancienne. Depuis longtemps, par exemple, les Montagnais de Tadoussac obtiennent des marchandises européennes et vont les échanger bien à l’intérieur contre d’autres pelleteries qu’ils revendront aux blancs. Tous les Algonquins pratiquent ce troc, depuis ceux des Allumettes qui envient l’empire commercial des Hurons, jusqu’aux Nipissings qui se rendent à la baie d’Hudson, ou tout près, pour rafler les fourrures des peuplades du nord. Les Indiens de la Nouvelle-Angleterre, de la Nouvelle-Hollande, sont nés plus tard à ce négoce. Il ne semble pas que les Iroquois aient pratiqué le grand commerce des pelleteries avant 1628. Mais à cette dernière date, ils en connaissent probablement les secrets, comme quoi la peau d’un castor, d’une loutre peut leur procurer des haches de fer, des chaudières de cuivre, des couvertures de laine, des couteaux, des alènes ; comme quoi les Européens pourchassent avec une insatiable avidité, une avidité éhontée, inouïe, insensée, les peaux de bêtes, de quelque sorte qu’elles soient ; comme quoi enfin, les intermédiaires, les agents entassent des profits aux dépens des uns, des autres, et peuvent en vivre.

Et maintenant, le rideau étant levé, la grande pièce peut commencer.


(1628)

La rupture de la paix de 1624, durant le mois de juillet 1627, attriste Champlain d’une façon profonde. C’est la navigation de nouveau menacée sur le Saint-