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IROQUOISIE

à la frontière sud des territoires algonquins, c’est-à-dire des tribus qui vivent uniquement de chasse et de pêche, sont nomades, et se déplacent continuellement. Le climat y est beaucoup plus froid, les neiges y séjournent une bonne partie de l’année. C’est dire qu’ici les pelleteries seront beaucoup plus riches, plus variées, plus abondantes. Elles exciteront continuellement l’envie des populations du sud. Les convois de fourrures de l’Outaouais et du Saint-Laurent représenteront souvent des valeurs fabuleuses et qui rappelleront les galions transportant l’or du Pérou et du Mexique.

Cette route en second lieu, est beaucoup mieux dessinés que sa rivale du sud. Elle suit des fleuves, de vastes cours d’eau, des lacs. La seconde, au contraire, empruntera sur une longue partie de son parcours, si ce n’est sur tout son parcours, la grande piste en forêt qui traverse toute l’Iroquoisie, d’est en ouest. Les pelleteries devront s’y transporter à dos d’homme au lieu d’emprunter le canot. Le chemin fluvial qui servira parfois est malcommode, difficile, il est mal dessiné. Ce désavantage sera toujours un obstacle naturel difficile à surmonter. Par contre, la route de l’Iroquoisie, qui passe dans le milieu de l’Iroquoisie, traverse les bourgades l’une après l’autre, sera à peu près inattaquable ; tandis que celle du St-Laurent circule, sur d’immenses distances, dans des contrées vierges, inhabitées ; tout parti de guerre pourra s’y mettre en sûreté à l’affût et attendre les convois qui descendront.

Mais l’une et l’autre aboutissent aux Grands Lacs, ces vastes réservoirs intérieurs ; l’une et l’autre ont tendance à se confondre dans le milieu du continent, à se partager les pelleteries des peuplades du nord-ouest, de l’ouest, que personne n’a encore exploitées, où aucune frontière n’est encore définitivement fixée.

Enfin, l’une et l’autre route des fourrures, ont pour cheville ouvrière, un peuple de race iroquoise : les Hurons pour celle du nord, les Iroquois pour celle du sud. Ces derniers, comme l’observera Pierre Boucher, n’ont pas de talent pour le commerce.