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IROQUOISIE

par des ennemis, ils ont abandonné les rives des lacs, celles des grands cours d’eau. Et maintenant, ils sont réfugiés sur une hauteur des terres. De ces lieux élevés, l’eau coule, de chaque côté, par des cascades ou des rapides, vers la mer lointaine. L’ennemi qui veut maintenant les atteindre, doit remonter des rivières de plus en plus étroites, des ruisseaux de plus en plus difficiles. Qu’il vienne du sud, de l’est, du nord, de l’ouest, il se heurte à ces obstacles naturels, il a chance d’être découvert avant d’atteindre un noyau de population. Et l’Iroquois, lui, s’il veut attaquer, n’a qu’à livrer son embarcation au courant rapide qui le conduit promptement chez son ennemi.

La position de l’Iroquoisie vis-à-vis de la Nouvelle-France est excellente. Les Iroquois se meuvent aisément dans la forêt, sur l’eau ; ils peuvent facilement venir se poster sur le Saint-Laurent ou l’Outaouais. Par contre, cette même distance, parmi la même forêt les met presque complètement à l’abri des attaques françaises. Les armées européennes ne savent pas voyager dans le continent boisé ; elles ont besoin de convois de munitions et de vivres qui se heurtent aux chutes, aux rapides, ou aux arbres. L’Iroquoisie est ainsi presque invulnérable aux coups que la Nouvelle-France peut vouloir lui porter, tandis que la Nouvelle-France est ouverte tout entière aux coups de l’Iroquoisie.

Les Iroquois sont sédentaires et agricoles. La culture de terres riches, leur fournit une excellente assiette économique. Ils se nourrissent bien et ne souffriront jamais de famine, même passagère. D’abondantes réserves leur éviteront toujours toute inquiétude. Comme les femmes s’occupent de la culture du sol, les hommes pourront en tout temps, partir pour les expéditions de guerre, un petit sac de farine de maïs sur le dos.

Il est d’autres faits qui s’imposent à ce moment précis, 1628 : l’histoire décrira leurs développements. Ainsi la grande route commerciale que Champlain a créée, suit une latitude beaucoup plus septentrionale que celle d’Albany et de l’Iroquoisie ; elle serpente