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IROQUOISIE

que la guerre règne de nouveau entre les Agniers et les Mohicans sur le cours supérieur de cette rivière. Les deux parties se sont rendues coupables de meurtres cruels. Les Mohicans ont fui : leurs terres sont inoccupées ; elles sont très fertiles et plaisantes. Il nous peine de n’y voir pas d’habitants et que les Honorables Directeurs ne donnent pas d’ordre pour l’occupation de ces territoires… »[1]

Cette fois la victoire des Agniers est complète et définitive. Ils peuvent accéder de plain-pied à Fort Orange. Ils ne redoutent plus, sur la rive gauche de l’Hudson, en face de la factorerie, la bourgade mohicane d’où peuvent sortir des guerriers pour harceler ceux qui viennent à la traite. À partir de 1628, les pelleteries échangées au comptoir hollandais proviennent sûrement des Iroquois, tandis qu’avant cette date, elles provenaient mi-partie des Mohicans mi-partie des Agniers. Le volume de la traite s’augmente. En 1624, le total était de cinq mille peaux contre six milles en 1625 ; en 1626, il passe à huit mille peaux ; l’année 1627 apporte une autre augmentation. En 1628, le chiffre est dix milles, et en 1632, il aura sauté à trente milles d’après les calculs les plus serrés. Ce dernier chiffre indique le développement subit de la traite aux mains des Agniers et des Iroquois.[2]

La jonction des Agniers et des Hollandais est d’une importance primordiale dans l’histoire de l’Amérique. Les premiers l’ont-ils voulue ? Ont-ils combattu pour l’obtenir ? Il semble bien que, non. Ils étaient trop faibles à ce moment. Provoqués par les Mohicans, ils se sont énergiquement défendus. Et ils ont chassé leurs ennemis de la lisière de terre qui les séparait de la Nouvelle-Hollande.

Bientôt découragés, les Mohicans vendront cette lisière à Van Rensselaer qui en fera la seigneurie de Rensselaerswyck ou s’élèvera bientôt Shenectady. Pour cette raison, l’Iroquoisie ne s’étendra jamais plus loin à l’est.

  1. Narratives of New-Netherland, p. 131.
  2. George T. Hunt, The wars of the Iroquois, p. 32 et 34.