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IROQUOISIE

Et c’est ainsi que la coalition laurentienne perd le bénéfice des deux politiques opposées qu’elle pouvait suivre. Celle de la guerre en ne s’unissant pas rapidement aux Mohicans pour battre les Iroquois dans une circonstance singulièrement favorable. Toutefois il faut se rendre compte que cette coalition est beaucoup plus difficile d’exécution qu’on ne peut le penser d’abord ; Mohicans et Algonquins vivent à des centaines de lieues les uns des autres ; il s’agit d’indiens qui ont toujours beaucoup de difficultés à concentrer leurs forces et à concerter leurs mouvements, qui sont instables, capricieux, sujets à toutes les humeurs. En second lieu, Algonquins et Hurons perdent le profit d’une profonde politique de paix, telle que la voulait Champlain. Ils commettent quelques actes de guerre qui ne peuvent produire qu’un résultat : irriter un vieil ennemi. Les Iroquois n’auraient probablement pas été insensibles à une abstention complète des Algonquins. Tout idéalistes qu’elles sont les idées de Champlain renferment beaucoup de sens pratique. La paix de 1624 pouvait avoir une carrière plus longue.


À partir de 1627, le grand courant commercial créé par Champlain est de nouveau menacé. Cette conséquence ne se manifestera pas tout de suite. Les Agniers ne remportent pas d’abord des succès décisifs. Ils sont trop faibles, semble-t-il. C’est en 1628 seulement que l’Iroquoisie et la Nouvelle-Hollande se souderont définitivement, que les deux pays deviendront voisins, qu’ils auront une frontière commune. Voici quelques témoignages. « Au commencement de cette année (1628) la guerre a éclaté près de Fort Orange entre les Mohicans et les Agniers ; ceux-ci ont battu et capturé les Mohicans ; ils en ont refoulé les restes qui se sont établis dans la région du Nord, sur la rivière Fresh, comme on l’appelle (la rivière Connecticutt), où ils ont commencé à cultiver le sol de nouveau ; et de cette façon la guerre s’est terminée »[1]. Voici maintenant un extrait de lettre : « Le commerce des fourrures est stagnant parce

  1. Narratives of New-Netherland, p. 89.