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dans le nid d’aiglons, la colombe

elle peut se livrer à l’impétuosité des sentiments de son cœur, quand tous dorment et que, sans manquer à sa réclusion, au silence, elle peut s’aventurer dans la pénombre jusqu’aux degrés de l’autel. Il faudrait fouiller longtemps dans les annales pour retrouver tableau aussi émouvant. On dirait parfois que les attitudes de Jeanne s’enveloppent d’art et de poésie. Et tout naturellement, car elle possédait ces dons.

Monsieur de Belmont nous apportera minutieusement tous les détails de cette adoration nocturne. En effet, Jeanne n’a pas voulu, sans en référer à son directeur, se livrer à cette dévotion. Il l’a insérée dans son règlement.

« … Elle se levoit toutes les nuits à minuit pour faire une heure doraison, après laquelle elle disoit matines et laudes du petit office de la S’te vierge ; et toutes les veilles des festes cy dessous marquées elle en faisoit deux heures malgré la rigueur du grand froid où elle étoit exposée se tenant au pied du s/t autel. » Ces fêtes étaient donc les suivantes : la Circoncision, « lépifanie », la Purification, les deux nuits des Quarante Heures, la Saint-Joseph, l’Annonciation, le Dimanche des Rameaux, la Transfiguration, « Lintérieur de notre seigneur la petite et la grande Fête-Dieu, la Saint-Jean, la Visitation, la Saint-Louis, l’Assomption, la Nativité, la Saint-Michel, le Nom de Marie, « Laprésentation », « Lintérieur de la S’te Vierge », la Toussaint, la Conception. La veille de ces jours, elle jeûnait au pain et à « leau » de même que tous les samedis de l’année. « Elle a observé tout ce qui est marqué cy dessus jusquau dernier soupir desa vie sans y avoir manqué quelque instance qu’on luy ait faite disant que son salut y étoit attaché ».