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Le charisme

Et d’abord, agit-elle sous l’influence d’un charisme aussi rare que précieux ? Disons d’abord que l’existence du reclus et de la recluse présente plus de difficultés que celle de l’ermite. Le premier vit entre quatre murs rapprochés, toujours les mêmes ; le second, dans ses forêts, ses montagnes, existe parmi les mille jeux continuels des saisons, de la nature végétale, du vent, de l’eau, des nuages, de la pluie, de la neige. La création, même les animaux apportent leurs spectacles. C’est pourquoi le reclusage ne convient qu’à un bien petit nombre d’âmes qu’il faut surveiller avec soin, qu’il faut pouvoir ramener dans la communauté ou dans le monde si l’expérience tourne mal ; il semble que la possibilité de la mitigation ne doive jamais être retranchée.

Jeanne Le Ber manifeste très jeune des dons que l’on pourrait croire naturels pour la prière et pour l’oraison. Ils semblent s’amplifier encore quand elle est adolescente, de quinze à dix-huit ans ; ils s’épanouissent quand elle entre en réclusion. Dans