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dans le nid d’aiglons, la colombe

Il n’est pas facile d’écrire la vie chronologique d’une solitaire qui n’a pas fait de confidences et dont le directeur s’est montré d’une discrétion éprouvée. Jour après jour, c’est la même existence sans événements, sinon dans l’âme et la conscience. Monotonie extérieure rarement brisée par quelques actes extérieurs qui ont de l’importance. Nous n’avons qu’une série d’observations, de notations qui ne sont pas datées, mais s’appliquent le plus souvent à toute la période de claustration. Il ne reste qu’un parti : diviser cette matière en chapitres appropriés. Quand on exécute ce travail pour Jeanne Le Ber, on fait tout de suite une constatation stupéfiante : ces chapitres peuvent porter les titres mêmes que l’on trouve dans La vie érémitique de Dom Leclercq, par exemple. Quand un ascète des années mil cinq cent présente le véritable ermite, il décrit Jeanne Le Ber telle que l’ont peinte nos historiens. La même surprise éclate si l’on étudie la préface de Thomas Merton. Voilà une rencontre révélatrice et qui nous dit toute la grandeur mystique de la recluse de la Congrégation. Femme perdue dans la sauvagerie des forêts du Nouveau-Monde, elle offre une existence conforme à celle que préconisaient les maîtres de l’ascèse.