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sous l’aile de la congrégation
choses dont elle aura besoin » ; elle s’en servira pour ses travaux manuels. Et la Congrégation promet de « prier Dieu pour le repos de son âme et de sa famille ».

Ajoutons que Pierre Le Ber, le jeune frère de Jeanne, avait acquitté le coût d’un mur de pierre qui enveloppait la chapelle. Le père avait fourni la lampe de sanctuaire. Un poêle réchaufferait la cellule.

Pour assister à la rédaction de ce contrat où l’on mesurait soigneusement les dons et les obligations, Jeanne avait quitté sa retraite et était venue à la Congrégation. Elle avait signé en même temps que les jeunes Canadiennes, ses contemporaines, qui dirigeaient maintenant l’Institut. Elle s’intégrait à leur communauté, mais en préservant toute son indépendance vis-à-vis d’elles. En effet, elle n’était pas la supercontemplative solitaire issue d’un ordre cénobitique et contemplatif, comme ce fut le cas d’un nombre considérable de recluses ; elle n’était pas non plus une laïque se greffant sur un ordre de contemplatives. Les Filles séculières de Marguerite Bourgeoys ne voulaient pas du cloître ; elles souhaitaient voyager partout dans le monde, pour aller satisfaire aux besoins d’enseignement ; elles s’avançaient dans un mouvement d’avant-garde qui sollicitait cette innovation nécessaire dans l’Église. Il n’y avait pas entre elles et Jeanne, une similitude de vocation, de charisme et de fin. Leur supérieure ne pouvait être sa supérieure et ainsi elle ne pouvait lui prêter le vœu d’obéissance et recueillir les fruits de l’obéissance. Son directeur, M. Séguenot, restera le maître de sa destinée. Toutefois, il ne faudrait pas pousser cette distinction plus loin. Une femme comme Marguerite Bourgeoys, comme les supérieures qui lui succéderaient, comme les jeunes filles qui répondront à leur appel, auront les aptitudes de bien des