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dans la maison des aiglons

second lieu, la maison paternelle repose-t-elle dans la tranquillité ? La guerre a recommencé. Jacques Le Ber et Charles Le Moyne prennent part à l’expédition du marquis de Denonville contre les Tsonnontouans. De même que le sieur de Sainte-Hélène qui revient avec la jambe brisée par une balle. Voici le massacre de Lachine aux portes de Montréal. Cette fois, c’est le sieur de Longueuil qui frôlera la mort de près et aura le bras brisé. La coalition des Anglais et des Iroquois présente les pires dangers. Frontenac leur oppose la brutalité de la résistance et de l’attaque. Les aiglons, les frères de Jeanne, ses cousins de l’autre bout du logis, guerroient rudement et commencent à tomber. C’est Sainte-Hélène qui est blessé à l’attaque de Québec et meurt faute de s’être soigné à temps. L’aîné, Charles, reçoit une autre balle mais s’en tire. Un soir, on rapportera sur une civière le puîné de la recluse, Jean-Vincent Le Ber du Chesne. Il n’est âgé que de vingt-cinq ans. Au cours de l’un des plus célèbres engagements, un coup de mousquet le couche sur le sol. Mourant, il reçoit l’Extrême-Onction. Il succombe. Marguerite Bourgeoys et l’une de ses compagnes ensevelissent le corps. Le lendemain, la famille Le Ber, Jeanne comprise, assiste à la rédaction d’un acte notarié ; elle fait alors un don substantiel à l’hospice des Frères Charron, une ferme à la Pointe Saint-Charles qui comprend une maison de pierre. Et ce sont les cousins Lemoyne : en 1691 également, voici la mort de Bienville au cours d’un combat contre les Iroquois. Louis, sieur de Châteauguay, sera tué à l’attaque du fort Nelson. Né quelques mois avant Jeanne, le héros légendaire, D’Iberville, risque continuellement sa vie. Jacques Le Ber est ému par ces décès répétés. Il lui faut prier et faire prier pour les âmes du purgatoire. Jeanne Le Ber se mettra à réciter régulièrement l’Office des morts. D’ailleurs le père déjà avancé en âge est toujours combatif. Il prend part, l’hiver, à l’une des expéditions