ce, monsieur de la Dauversière, Marguerite Bourgeoys, les trois premières Hospitalières de Saint-Joseph. Vous pouvez vous asseoir à côté d’eux et raisonner à en perdre haleine ; ils vous écoutent, mais vous ne gagnez rien sur eux. Leur vocation est spécifique ; ils sont nés pour une tâche singulière. Ils ne voient pas autre chose. Vous leur dites : « Vous allez payer cher votre entêtement, en souffrances, en misères ». Ils répondent : « Soit ». Ils acquittent le prix. Dans le cas de Marguerite Bourgeoys, des Hospitalières, il est terrible, même horrible. Pas de protestations. Elles fondent les structures de la colonie catholique. Tous et toutes, des obstinés.
Ainsi en est-il de Jeanne Le Ber. Il manquerait une magnifique rose au bouquet s’il ne contenait la contemplation pure. Elle apporte la rose sans s’en rendre compte d’ailleurs, subissant la traction de Dieu. Mais tout de même, avec la lucidité d’intelligence et une véhémence de volonté qui surprennent. Elle n’est pas ignorante ou à demi consciente. Elle lisait les œuvres du temps. Saint Jean de la Croix lui a peut-être passé entre les mains, car il en existait des exemplaires au Canada. Cassien aussi, sans doute, qui raconte la vie des grands solitaires de l’aube. Elle veut un dialogue ininterrompu avec le Sauveur, un tête-à-tête. Elle n’a que faire de conversations, même ferventes, entre religieuses, des récréations, des charges qui apportent parfois des distractions profanes. Elle ne tolère pas d’interruption dans l’occupation sainte. Ses historiens nous le marquent bien. C’est la Marie de l’Évangile, aux pieds du Sauveur, qui ne veut être rien d’autre que la Marie de l’Évangile, buvant les paroles qui tombent. Jamais on ne verra résolution plus nette : elle ne bougera pas de là.
M. Séguenot se heurte à ce dessein rigide qu’il ne peut évidemment réprouver. Il lui invente et lui improvise une solution