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dans le nid d’aiglons, la colombe
de nouveau malgré sa retenue et le silence quelle s’étoit imposé ». Nouvel avertissement, et elle se remettait à genoux pour recommencer encore.

Le mot qu’il faut retenir est peut-être celui de « torrent » qui rend bien l’afflux tumultueux des grâces qui animaient son âme et trouvait une volubilité toute prête pour s’exprimer et jaillir. Dans sa solitude, elle avait trouvé Dieu ; et alors ses heures étaient gonflées d’un dialogue ardent et enfiévré. On ne peut la supporter longtemps sans cette compagnie de tous les instants. La réclusion la suppose.

Mais Jeanne est novice. Soyons sûrs que la lourdeur du fardeau l’écrase parfois, que sa vocation chancelle à certains jours, et que ses amies, mère Catherine Macé, Marie Le Ber de l’Annonciation, quelques compagnes d’école et de couvent, M. Séguenot et les Sulpiciens éprouvèrent de l’inquiétude. Les maîtresses de novices en connaissent long sur cette première période d’épreuves. Sous un prétexte ou sous l’autre, la nature, l’ancien mode de vie vocifèrent de violentes protestations. Combien plus en faut-il supposer dans le cœur d’une recluse d’hier confinée qui erre entre quatre murs, toute seule, toute seule à jamais.

Sans doute, cette première réclusion n’est pas parfaite. En 1681, Jeanne sera marraine à deux reprises. La première fois, pour un bébé du nom de Jacques-François Martinet ; le parrain sera l’un des cousins de l’autre bout de la maison, François Le Moyne, un peu plus jeune qu’elle. La seconde fois pour une famille moins connue.

Et le matin, jusqu’en 1683, elle se rend à l’église de l’Hôtel-Dieu, tout à côté, située, dit la sœur Morin, « dans l’enclos de notre hospital, entre le batiment de l’apothicairerie des pauvres