C’est là que, comme le dit une oraison d’un cérémonial de
réclusion, elle entreprit de vivre immédiatement « dans les
saintes veilles, les jeûnes, le labeur, la prière et la pratique des
Œuvres de miséricorde ». Mais dans son « enterrement anticipé
il lui faut une règle ; ainsi que le raconte Monsieur de
Belmont, « … Il fallut ranger ses Exercices et les réduire à un
règlement occupant toutes les heures de la journée avec son
travail manuel ». M. Séguenot adopta-t-il pour sa pénitente
celui des recluses dominicaines, franciscaines, augustiniennes
ou autres ? Seul un érudit pourrait se prononcer après des
recherches. Les détails que nous avons nous font frémir par
leur dureté pénitentielle : lever à quatre heures, par exemple ;
une heure d’oraison. À cinq heures, assister à la première
messe, à l’église paroissiale, et « quelque temps qu’il fasse, aller,
venir sans regarder personne ». À onze heures, l’examen particulier.
Le petit office de la Vierge, moitié l’avant-midi, moitié
l’après-midi. Après le repas, une demi-heure de lecture. Plus
tard, le chapelet dont la récitation se répandit justement, des
anciens reclusoirs dans le peuple. La communion, tous les dimanches
et fêtes. Aux jours de jeûne et d’abstinence, Jeanne
ajoute celui du samedi. Pas de vin aux repas. Puis, le travail
manuel qui repose de la contention de l’esprit et des tensions
spirituelles. Plus de visites. Le silence. La solitude. Puis il
faut un cilice et une ceinture de crin. Grâce à son petit frère,
Pierre, elle s’arrange pour porter une rugueuse chemise de toile.
Une servante lui apporte ses repas : elle repousse ce qu’on a pu
déposer dans son assiette pour la gâter un peu, les beaux fruits,
les primeurs. Elle réclame les croûtes de pain moisies dont les
domestiques ne veulent même pas. On dit qu’elle commença à
prier la nuit, regardant par la fenêtre la lampe de sanctuaire
de l’Hôtel-Dieu.
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dans le nid d’aiglons, la colombe
D’autres récits nous diront que par la fenêtre Jeanne pouvait voir, la nuit, la lampe du sanctuaire dans la chapelle de l’Hôtel-Dieu. L’énumération ne comprend
pas les articles personnels de Jeanne, comme livres, crucifix, images, vêtements.