C’est une autre période nette de trois ans, de 1677 à 1680, de quinze à dix-huit ans, qui s’offre maintenant. Comme pour la précédente, nous n’avons que des indications parcimonieuses. On dira que Jeanne « se vit exposée aux visites inévitables de ses parantes de son âge ». Il faudrait certainement y ajouter les colloques avec sœur Catherine Macé qui reprennent leur cours, avec Marie Charly. Puis Jacques Le Ber, probablement aussi sa femme, Jeanne Le Moyne, pensent à la bien marier. Déjà, elle est une riche héritière et il importe de bien choisir. La tiennent-ils si étroitement sous le boisseau ? Ce n’est pas tellement certain.
Toutefois, ils appartiennent à un temps plus sévère que le nôtre : l’évêque lui-même s’occupait de la tenue modeste des écolières, des jeunes filles et des femmes. Un jour, le père intervient pour refréner la vanité de Jeanne qui n’en a pour ainsi dire pas. Mais la mère à son tour lui achète « une coiffe toute de dentelle selon la mode du temps ». Quand elle la lui ajuste, un cordon se brise. On tente de le réparer. L’adolescente dit alors qu’elle l’endosse par obéissance, que cet accident est une manifestation de la volonté de Dieu, et elle prie sa mère de la dispenser de ce devoir. Celle-ci abandonne sa tiède tentative de parer sa fille. On peut en conclure que celle-ci s’habillait convenablement, mais pas plus.
Cette première génération de jeunes filles de Ville-Marie est, d’autre part, en fermentation. Plusieurs opteront pour le mariage sans doute. Mais plusieurs autres se consacreront à Dieu. L’influence de Marguerite Bourgeoys est énorme dans ce milieu. Le premier noyau de sa communauté séculière est formé. Pas de règle définitive encore ; pas de vœux réguliers. Maintenant, l’enseignement est bien organisé. Une sainteté dynamique exerce son attraction. Marguerite a apporté de France une