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dans le nid d’aiglons, la colombe

Quant à Marie Le Ber que l’enfant retrouverait là-bas, on parle peu d’elle à ce moment ou plus tard, bien que l’on soupçonne que son influence ait été prononcée sur la formation de la fillette. Pendant trois années, elle l’approchera de près en sa qualité de tante. Elle est encore jeune, juste un peu plus de trente ans, elle a vécu pendant quelques années à côté de Marie de l’Incarnation qui est morte le 31 avril 1672. Dans ce milieu, il est à peu près sûr que sa première vocation, déjà ardente, se soit enflammée, et qu’elle l’ait transmise à sa nièce. Est-ce par elle, comme il semble probable, que les Ursulines marqueront si profondément l’adolescente, lui laisseront leur empreinte ?

Au commencement du mois d’avril 1674, au printemps, Jeanne quitte Ville-Marie qui devient peu à peu Montréal, pour Québec. Elle voyage sans doute dans une embarcation de son père. La débâcle vient d’avoir lieu, la neige fond partout, la violence du courant l’emporte au milieu des forêts qui n’ont pas reverdi. Et le 22, le registre des élèves signale que

« la petite demoiselle Jeanne Le Ber de Montréal est entrée pensionnaire en notre séminaire ». Le père paiera la pension « au prorata de cinquante écus par an ». Les religieuses ont reçu d’avance « quarante minots de blé froment ». On lui a demandé un prix plus élevé « en considération qu’elle est mieux traitée que les autres pensionnaires » ; on lui blanchira son linge.

Le premier séjour se terminera le 29 juillet 1674.

Ainsi s’ouvre une période de trois années sur lesquelles les Ursulines nous fourniront plus tard un rapport. Jeanne continue à apprendre de la grammaire, de l’arithmétique, du catéchisme,