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dans le nid d’aiglons, la colombe

Vers l’âge de deux ans et demi commence à s’exercer aussi sur elle l’influence de sa tante, Marie Le Ber. Elle arrive de France et séjourne au foyer de Jacques. Elle a maintenant vingt et un ans. Après l’année 1664, son nom apparaîtra au registre de Ville-Marie en qualité de marraine de François, fils de Charles Le Moyne ; et, un peu plus tard, de Nicolas, fils de Jacques Le Moyne et de Mathurine Godé ; enfin de Jacques Le Ber, le fils de son frère, et de Jeanne Le Moyne. Elle possède certainement de l’instruction, même de la distinction, puisque deux des parrains seront de hauts personnages de la colonie, François de Salières de Chastelard et Jean Philippe de Hautmesnil.


Le destin de cette Marie qui influa peut-être profondément sur le sort de Jeanne fut-il un instant incertain ? S’attacha-t-elle a un Montréaliste du nom de Jean de la Vigne ? Ce colon avait du courage et il s’inscrivit le premier dans la première brigade de la Sainte-Famille. En 1664, à Paris, il obtenait avec Jacques Le Ber et Claude Robutel de Saint-André, la concession de l’Île Saint-Paul qui deviendrait « l’Île des Sœurs » ; quelques mois après, on la divisa en trois fiefs distincts, comme cela s’imposait. Revint-il de France dans le même bateau que Marie ? Il lia connaissance avec elle à ce moment ou juste un peu plus tard. Seules des relations suivies, l’amitié, l’estime, peut-être des sentiments plus affectueux expliquent le reste de l’histoire. Car Marie ne possède aucun bien. Son frère, Jacques, l’héberge, la nourrit et la vêt gratuitement. Lorsque sa vocation religieuse s’affirme et qu’elle désire entrer chez les Ursulines, elle ne peut verser la dot. C’est alors qu’intervient Jean de la Vigne, juste au moment critique. Il lui fait donation de sa seigneurie de l’Île Saint-Paul. La jeune fille ne peut évidemment l’exploiter, la mettre en valeur parce qu’elle n’a pas de capitaux. En fait, elle la rétrocède à son frère, Jacques Le Ber, qui