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dans le nid d’aiglons, la colombe

ceux qui l’ont pratiquée n’a-t-il pas écrit : « Ne fit-on que garder sa règle, on est déjà très saint ». On étudie sans cesse l’« intérieur de Jésus » et l’« intérieur de Marie ».

Ne fallait-il pas s’y attendre ? Depuis son enfance, les Sulpiciens sont seigneurs de l’île de Montréal et les seuls pasteurs que l’en entend. Dès l’âge de dix-huit ans, elle choisit pour confesseur et directeur l’un des meilleurs esprits de l’Ordre et le gardera toute sa vie. Il lui enseignait ce qu’il avait appris. De M. Olier lui-même ? De ses successeurs sûrement. Avec une assiduité extraordinaire, il l’a formée pendant toute son existence de recluse. Une fois par semaine, il venait de la Pointe-aux-Trembles pour l’entendre quand l’état des routes ne l’en empêchait pas. Plus tard, il habita non loin de la Congrégation, prêt à répondre aux appels. Pendant tout ce temps, il fut l’unique influence à s’exercer sur elle. Il pétrit cette âme à son gré. Comment n’aurait-elle pas reflété cet enseignement ? Ne l’aurait-elle pas vécu ? Les Sulpiciens peuvent s’enorgueillir de Jeanne Le Ber.

Dans un cas semblable, il importe de regarder plus profond. Elle fut une recluse, c’est-à-dire une ermite. Ces personnes n’ont-elles pas un comportement particulier ? Quelle forme prend leur spiritualité ? Sur ce point, revenons aux grands livres publiés récemment sur le sujet. Justement dans la Vie silencieuse de Thomas Merton qui a trouvé des milliers de lecteurs, dans tous les pays, les indications nous attendent. Après avoir étudié la dévotion des Ordres qui pratiquent encore la vie érémitique dans le monde moderne, il parvient à la conclusion suivante : « Aussi ne trouve-t-on pas, dans les Chartreuses, des communautés de grands mystiques et d’hommes aux dons spirituels éblouissants, mais des âmes simples et rudes dont le mysticisme