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dans le nid d’aiglons, la colombe
lemoyne » qui était « proche de la commune » ; en plus, un mur « de refonte », soit un mur mitoyen qui divisera la construction en deux. L’ouvrage aura dix pieds de hauteur et une épaisseur d’un pied et demi. Les artisans feront aussi « deux cheminées doubles aux deux bouts dud. logis » ; enfin, ils devront « pierroter tout le colombage dud. logis et iceluy réduire tant par dehors que par dedans et ensemble quarré » ; ce qui signifie qu’ils appliqueront un enduit de plâtre, de chaux et de ciment. Pour cet ouvrage ils recevront la somme de vingt livres et six pots de vin.

Les concessions se défrichent ; le commerce s’organise ; les enfants naissent. Catherine Primot, Jeanne Le Moyne apparaissent continuellement aux fonts baptismaux en qualité de marraines et leurs époux en qualité de parrains. Tous ces jeunes tentent de jouir un peu des biens du nouveau continent : chasse et pêche d’une prodigieuse abondance, antiques futaies composées d’arbres énormes, humus qui n’a pas produit de récoltes. Mais dans le même temps se pourrit peu à peu puis se termine brusquement en 1660, si ce n’est à la fin de l’année 1659, la paix incertaine sur laquelle tous comptaient. Et lui succède l’atrocité de la guérilla iroquoise qui a harcelé le poste à plusieurs reprises depuis la fondation en 1642.

Alors, les nouveaux venus apprennent dans quelle position désespérée ils se sont placés. Trois factoreries, trois fortins plutôt, s’échelonnent sur le Saint-Laurent, loin de la mer. Ville-Marie, la plus éloignée, est à soixante lieues de la capitale, Québec ; à trente lieues des Trois-Rivières, la seconde. Elle ne comprend qu’une enceinte palissadée dans laquelle s’élèvent divers édifices communs : un ouvrage de pierre, un Hôtel-Dieu hors les murs, protégé lui aussi par des palis et des fossés, avec