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le terrible quotidien

une solitude totale, une solitude de tombeau, seule avec la divine Présence dont elle était toujours consciente et qu’elle vénérait. Puisqu’elle avait adopté cet état, son salut dépendait de son zèle à en observer les exigences.

Mais en même temps, bien dirigée par M. Séguenot, elle ne se livra pas à ce que l’on a appelé les « prouesses ascétiques ». Il ne faut pas en conclure qu’elle n’aborda pas, et largement, le domaine des mortifications que notre monde moderne a presque abandonné.

Tout au contraire, elle sut « se mortifier, dès sa plus tendre jeunesse ». Après sa première réclusion dans sa chambre, « elle ne toucha plus au dessert ny a tout ce qui pouvait recréer le Gout, se contentant de manger pour la pure nécessité », On dit même qu’elle « avait prié la servante deluy aporter toutes les croutes de pain qui se ramasseroient ala cuisine et enfoisoit sa nourriture la plus ordinaire ». D’après la mère Juchereau, elle mangerait plus tard du pain qu’elle laisserait moisir. Elle refusait les beaux fruits que sa famille éplorée lui envoyait parfois. Plus encore, elle « ne touchait jamais à un fruit nouveau et refusoit souvent de façon qu’on ne recommençoit plus ». Le midi, elle se nourrissait d’ordinaire de viande bouillie et, le soir, d’un potage. Et l’on connaît ses jeûnes au pain et à l’eau, le samedi et la veille des grandes fêtes. Pas de vin si ce n’est une douzaine d’années avant sa mort, quand les médecins le lui ordonnèrent.

Au début, avec la complicité de son frère, Pierre, qui l’admira beaucoup, elle se fit faire « des chemises dela plus grosse toile qu’on put trouver ». Elle adopta deux formes de cilice qu’elle porta tour à tour. Encore tout récemment, Monica Baldwin vient de nous dire tout le malaise que procurent ces vête-